心の奥底 Kokoro No Oku Soko – Au plus profond du cœur

Laurent
Valdès

心の奥底 Kokoro No Oku Soko – Au plus profond du cœur

17.11 — 09.12.23
Vernissage: 

jeudi 16 novembre dès 16h

À travers les images d’un seul village obsédant, lancinant, de celles qui capturent l’instant précis où Laurent Valdès filme ou photographie Udo au Japon, une installation vidéo se déploie en quatre espace-temps, dont le dernier consiste en une grande photographie avec le seul point de vue sur le village qui n’est pas montré dans les films.

Avant de parvenir à ce paysage au fond de l’exposition, il s’agit de traverser d’autres espaces, autrement dit de plonger au sein d’un dialogue entre deux films de natures différentes. L’un aérien, tourné en super 8 rétroprojeté sur du papier japonais, l’autre en très haute définition, déployé en un imposant diptyque monté sur des traverses en bois. Le premier est dominé par le grain de la pellicule pour dire le mouvement d’une caméra à l’épaule qui fait corps avec son réalisateur, traduisant un regard qui s’attarde aussi bien sur un fil électrique que sur l’envol d’un héron. En noir et blanc comme en couleur, des zooms, des ralentissements se succèdent parfois jusqu’à l’abstraction. Le tout parfaitement accordé au rythme du souffle. Le second juxtapose des images stables, cadrées à l’appui d’un trépied. Présentées en duo pour leurs « accointances » spatiales, organisées comme une partition de musique avec des silences de temps en temps, elles racontent la lumière qui dessine les arêtes d’un village en suivant le cours du soleil, où de très rares événements apparaissent.

Au sol, dans l’exposition, des tessons de céramique glanés sur la petite plage d’Udo sont disposés sur un miroir. Dans le reflet de celui-ci, avec un peu de recul, le point de vue sur les films bascule, le regard se décale, le public se retrouve alors immergé dans l’installation. Visuellement et musicalement. Car une nappe sonore enveloppe toutes les images qui se redécouvrent autant de fois que le son se superpose différemment à elles. Faut-il le rappeler, les questions de scénographie, de parcours, et de narration par l’espace intéressent depuis toujours Laurent Valdès dont le travail oscille entre les arts plastiques et ceux de la scène. Pétri de culture nippone, il y fait souvent passer certaines valeurs, comme le mā qui en japonais signifie l’intervalle, l’espace, la durée, la distance, non pas celle qui sépare mais celle qui unit.

Écrit il y a quatre ans, ce projet est né de la persistance du souvenir de ce village découvert un peu par hasard en 2016 dans la préfecture de Shimane. Quatre séjours plus tard, Laurent Valdès a accumulé quelque 20 heures de rushes à partir de 28 points de vue, témoignant de son profond attachement pour cet endroit. Les mêmes lieux, les mêmes protagonistes y sont filmé·e·s. Udo ne compte aujourd’hui plus que 35 habitantes et habitants – dont la majorité a pour patronyme Tanaka – contre 400 à l’époque. « Ce n’est pas un village mort, tout est prêt à redémarrer demain, tout a été comme laissé en plan », aime à préciser celui qui nous ouvre une porte sur ce hameau collé à la montagne et clouté de 40 réverbères. Le mā se définit aussi parfois par la lumière qui passe par l’entrebâillement d’une porte. Entrez.

Karine Tissot

 

À propos du travail sonore réalisé par Alexandre Babel:

La composition sonore accompagnant l’installation de Laurent Valdès a été pensée comme un paysage imaginaire nourri des récits de voyage de l’artiste. À travers des descriptions précises de l’architecture, de la lumière, des installations urbaines et de l’atmosphère de Udo s’est transmise une impression générale qui a servi de modèle à la composition. Les sons sont composés essentiellement d’enregistrements d’instruments de percussion, qui sont assemblés et diffusés sur plusieurs haut-parleurs pour servir de contrepoint sonore et spatial à la dimension visuelle de l’œuvre.

 

Le samedi 2 décembre en présence de l’artiste, suivi à 18h d’une visite en dialogue avec Nicolas Tixier, architecte et directeur du CRESSON – Laboratoire Ambiances, architectures, urbanités de Grenoble.

 

Horaires: 

mardi - samedi 14h/18h