Thomas Maisonnasse
Une faiblesse à toute épreuve, s’appuyer sur son ombre
24.02 — 17.03.12
Il faut imaginer la lumière découpant l’obscurité, passant par les interstices laissés ouverts, laissant l’ombre intacte. Il faut imaginer ces deux parties de la même chose dissociées, l’ombre dans son coin, en attente, et la lumière, en action, délimitant l’espace visible. Il faut aussi se rappeler que le soleil jamais ne voit l’ombre, qu’étant celui qui la produit, la face éclairée des objets, celle qui prend la lumière, se trouve toujours entre eux deux. Enfin, il faut savoir que pour voir l’ombre se redresser et la lumière avec il faut un retournement. Stèles (vérification n°4) est une installation basée sur une anamorphose, qui doit voir se redresser comme étant sur un même plan des planches de bois peintes en blanc qui sont sur trois plans différents et suivent des lignes qui semblent être similaires à celles formées par la lumière entrant par de grandes fenêtre dans une salle vide. Mais à y regarder de plus près, ce n’est pas ça, les lignes fuient dans le mauvais sens. Le point de fuite n’est pas le soleil, ce qui serait le cas si il s’agissait de découpe de lumière par une fenêtre, mais le point de fuite est situé dans la salle à l’endroit précis où l’anamorphose doit être vue. Dès lors cet espace n’a plus de réalité perspective, pas plus que de réalité dans le dessin des ombres et des zones de lumière. Ces dernières, se redressant découpent dans ce qui devrait être l’ombre et qui apparaît ici plutôt comme étant indépendante de la lumière, une forme de nuit originaire, de celle qui nous a vu naître et qui n’accepte en son sein rien d’autre qu’elle. L’ombre n’est plus alors d’aucun soutien, et ne marque plus notre appartenance à ce monde du visible sous la lumière.
Thomas Maisonnasse, 2012