Rafael Lutter
Peintures Sans Titre
25.11 — 17.12.11
Qu’advient-il d’une vocation innée, sereine, inébranlable de montrer le jeu des couleurs, en tant que tel, à un moment de l’histoire de la représentation et de la communication où l’accélération de tous les paramètres de la perception et de l’expression va de pair avec une saturation, une pression, dont l’issue non encore ciblée ne révèle pas l’orientation ?
Ou, pour ramener cette question à un contexte plus précis, comment un jeune artiste peintre peut-il vouloir ce qu’il veut avec, presque, les seuls pigments, pinceaux et toiles, dans le contexte de l’art qui lui est contemporain, c’est-à-dire détourné par la puissance d’un marché financier autant que par les virtuosités technologiques ?
Et ceci sans déni, sans repli nostalgique ou archaïsant mais au contraire avec une connaissance de la scène et une participation à elle constamment renouvelées. Outre les aptitudes et les choix existentiels et moraux qui sont chez lui effectifs, il est notable, il est probant qu’en tant qu’artiste peintre Rafael J. Lutter a rejoint un positionnement spécifique et personnel.
Il réalise en personne la condition et la fonction de peintre selon l’acception classique du terme qu’il actualise pleinement; ceci est manifeste pour quiconque le côtoie. Mais c’est surtout manifeste dans l’oeuvre produit à ce jour, que des visites à l’atelier et des expositions précédentes ont permis de voir, comme le permet le présent accrochage.
Or, désormais a lieu pour le spectateur devant le tableau ce pourquoi cette vocation existe: laisser opérer le phénomène, regarder, regarder jusqu’à voir car voir n’est pas que voir, voir c’est vivre en tant qu’humain, c’est à dire observer et expérimenter simultanément comment la conscience peut s’épurer à la contemplation de l’inconnu.
Charles Hersperger 2011
avec le soutien de la Fondation OERTLI Stiftung.