Avec Matières premières, Séverin Guelpa réalise une nouvelle série d’installations sur un thème qu’il affectionne particulièrement dans son travail, les transactions opérant sur le territoire et ses ressources.

En s’inspirant du mouvement des matières premières et en référence à la situation de pays dans lesquels il a récemment séjourné (Etats-Unis, Haïti, Birmanie), cette exposition fait doublement écho à la fonction anciennement marchande de l’espace et à la place qu’occupe Genève dans le commerce mondial des ressources minières et céréalières. Séverin Guelpa propose alors trois oeuvres à la fois monumentales et minimales qui toutes portent en elles l’idée d’un fragile équilibre. Entre le plein et le vide, l’absence et l’accumulation, des tas de matière s’amoncellent sur de grands plateaux d’acier en suspension (Transactions). La matière dans sa masse est alors comme pesée, quantifiée. Elle devient ici objet de décompte, de calcul et de chiffres.

Contre un mur, un grand plateau de granit noir criblé de trous (Rafales) évoque l’idée d’une blessure, d’une meurtrissure ou d’un manque alors que 100 manches d’outils colorés dépourvus de leur tranchant d’acier (Sleeves without tool) font figure d’acte de résistance. A nouveau, l’idée du conflit est omniprésente dans ce travail, comme pour évoquer que les équilibres, même fragiles, sont toujours le jeu d’un rapport entre forces contraires. Il est alors question de dynamiques physiques ou sociales, d’un rapport de force ou de pouvoir.

En s’intéressant à la transformation des matières brutes et à la puissance de la multitude, le travail de Séverin Guelpa reste en permanence habité par un intérêt pour la confrontation entre matières et énergies, à l’image des tensions qui traversent nos sociétés.

Exposition subventionnée par la Ville de Genève