Degré zéro

Delphine
Renault

Degré zéro

07.09 — 01.10.16
Vernissage: 

mardi 6 septembre - 18h

Degré Zéro aborde des thèmes qui parsèment le travail de Delphine Renault depuis ses premières réalisations : l’espace et les processus qui en font territoires et paysages.
Si la référence à Roland Barthes est évidente – on peut voir dans le minimalisme des pièces exposées la recherche d’un langage sculptural ‘neutre’ –, c’est surtout en se tournant du côté de la cartographie que l’on comprendra le titre de l’exposition.
Les deux monolithes de granite exposés à Halle Nord évoquent – par analogie de forme et de matérialité – les deux Pierres du Niton sises à tout juste un kilomètre de là, dans la Rade genevoise. Or le plus petit de ces blocs erratiques, déposés lors du retrait du glacier du Rhône, a servi de point de référence pour la première représentation exacte et précise du territoire suisse : la carte Dufour (1845-1864). Ces pierres sont donc l’origine de la carte, à partir de laquelle est mesurée toute distance. Et, de concert avec le marégraphe de Marseille – créant ironiquement un boucle métaphorique du glacier à l’embouchure du fleuve –, ce sont elles qui ont permis de déterminer précisément1 les altitudes des sommets qui constituent le paysage suisse. L’arpenteur militaire recevra d’ailleurs un honneur fort à propos en donnant son nom au plus haut d’entre eux, la Pointe Dufour.
Compris ainsi, le degré zéro est à voir comme une interface, le seul point où le système de coordonnées abstraites de la carte prend pied dans le concret. L’unique endroit où le noeud de la grille cesse de n’être qu’une image mentale pour recouper une matérialité bien réelle. Mais en évoquant la carte, c’est avant tout du territoire que l’on nous parle. C’est en effet par la mesure que commence la maîtrise, et c’est par la maîtrise que l’espace devient territoire.
Habituée à explorer, dans ses précédents travaux, les manières dont se construit le paysage dans la pensée (et les représentations) collective, Delphine Renault s’attaque cette fois-ci à une autre facette d’un même phénomène d’anthropisation : la manière dont l’Homme habite son espace, et dont pour ce faire il le transforme physiquement et symboliquement. En extrayant les Pierres du Niton de leur milieu pour les transposer à Halle Nord, Delphine Renault établit des rapport complexes entre le site, le lieu d’exposition, et un troisième élément, d’ordre territorial et paysager, relié aux deux premiers par un lien sémiotique et métaphorique.

Thierry Maeder, urbaniste et géographe
1- Une précision néanmoins relative puisque l’altitude des pierres sera réévaluée et diminuée de 3,26 m en 1902 suite à l’introduction d’un nouveau calcul prenant en compte différents marégraphes.

Horaires: 

mardi - samedi : 14h / 18h