Depuis près de 18 ans, Jonathan Delachaux met sur toile les aventures de trois personnages imaginaires. A la manière des chapitres d’une biographie, les différentes séries d’oeuvres relatent leurs frasques et turpitudes. De l’enlèvement de Daniel Zappelli, à la conception de faux passeports, le choix des narratifs et la réception de l’histoire est transformée continuellement par la multitude des formes que Delachaux choisi de donner à ses peintures et installations. Il masque ou contourne ainsi les frontières entre fiction et réalité.

Parallèlement à cette recherche, Delachaux collabore avec d’autres artistes. Cette année, dans le cadre de la préparation d’une monographie consacrée à son travail, il a conféré à trois écrivains, la voix de ses personnages, offrant à chacun, un peu du destin de l’un d’eux.

La plume virulente d’Arnaud Robert n’a pas hésité à faire basculer Vassili, l'un des trois modèles, de l’autre côté ; mort accidentellement, mangé par des chats, à la suite d'un typhon dans une île des Caraïbes. Delachaux s’est résolu alors, à faire apparaître un nouveau personnage au sein de ce monde fictionnel. Bien que déjà baptisé, la tête de ce modèle échappe encore à l’artiste.

Delachaux s’est toutefois permis pour l’exposition de peindre le premier portrait de ce nouveau personnage, Arthur. En guise de tête, il a superposé trois différents visages sur des ballons. En regardant alternativement à travers les filtres de couleurs, le visiteur découvrira, à chaque fois nettement, un portrait différent. L’artiste, par ce subterfuge optique, dévoile un par un l’identité des écrivains. Une forme de perpétuel retour à la fiction en somme.

Bernard Vienat